
À VIF

APPEL DAIR

EMPRISONNÉE

AUTODESTRUCTION

INERTIE

CHAOS
Être "jeune" c'est être à un âge où on grandit plus que l'on ne vieillit. On réalise encore à quel point le monde est grand, on commence à chercher notre place, on se met dans des cases qui existent déjà et dans lesquelles on se sent à l'étroit. C'est compliqué, et le contexte actuel n'aide pas non plus. On s'enfonce dans notre bulle en ayant l'impression que ça ne vaut pas vraiment la peine de se battre, qu'on passe déjà à côté de sa vie alors qu'on vient juste de la commencer.
On s'isole de plus en plus, la sensation d'étouffement devient de plus en plus forte et on compte sur les autres pour nous sauver, sans jamais demander d'aide. Nous sommes à un âge où on se torture facilement, les moments de repos sont rares et la vie heurte douloureusement. Et il y'a des moments, des moments d'intimité comme sous la douche, dans son lit, des moments pendant lesquels on se sent en sécurité, où personnes ne viendra nous déranger. Et c'est dans ces moments là que tout se relâche, mais c'est aussi dans ces moments là qu'on ressent à quel point on peut avoir mal.
Alors on crie, silencieusement, on essaie d'extérioriser la douleur même si la sensation d'avoir la tête dans un sac plastique ne part pas. On crie jusqu'à en avoir mal à la tête, jusqu'à voir flou et manquer d'oxygène. On crie sa colère contre le monde entier, contre soi, on évacue la tristesse et la culpabilité de ne pas faire d'efforts pour aller mieux. Parce que c'est ça aussi, la baisse de motivation, l'envie de ne rien faire, pas même pour essayer d'être heureux. Rester dans le mal parce que chercher à s'en sortir c'est aller vers l'inconnu, partir de sa zone de confort, comme quoi le bonheur peut faire peur. Donc on combat le mal par le mal, on s'enfonce, perpétuellement, on attend que les autres remarquent que ça ne va pas, on se sent seul.
Parfois on se sent vide aussi, alors on va sous l'eau, sans retirer ni maquillage, ni bijoux, ni vêtement, parce que ça demande trop d'efforts. La sensation de vide est lourde, c'est assez paradoxal, à quel point ne rien ressentir peut être fatigant. On se laisse aller, on craque silencieusement, on ne sait même pas pourquoi on pleure, c'est juste comme ça. On se libère du poids du regard des autres qui nous martèle la peau.
Écrasés. Par nos émotions, par la pression et le monde qui nous entoure. On se cherche tellement qu'on se perd soi même, on veut absolument être quelqu'un d'autre, n'importe qui sauf soi. Alors on se perd, on se cherche dans les rôles multiples qu'on joue tout au long de la journée. On se brise un peu plus, au point de ne pas se reconnaître, au point de voir son reflet dans la glace sans être capable de réellement se regarder en face.